Xénial

« — Mahe, t’as quel âge ? — 2 fois 20 ans. — T’es jeune ou t’es vieux ?
- … ». 40 ans. Le cul entre deux chaises, quadragénaire triomphant. Pas vraiment millenial, plutôt xénial digitalisé… L’âge de pouvoir réciter du 2pac ou « Je danse le Mia » comme s’il s’agissait de poésies. L’âge d’avoir passé un deug AES et d’avoir eu un motorola (j’aimais pas les 3310). D’avoir vu la plupart de mes potes se marier et d’autres divorcer. D’avoir espéré puis déchanté. De se décider à manger moins de viande. D’avoir vécu un défilé de funestes drames, 11 septembre, 7 janvier, 13 novembre. D’admettre que l’intolérance et l’ignorance sont des fléaux toujours aussi rampants et d’actualité. De se souvenir de la guerre de Yougoslavie, du Kosovo, de l’Irak, de l’Afghanistan, du Rwanda. D’avoir été taxé de coco, d’assisté, de libéral, d’utopiste. L’âge d’avoir triché, d’avoir menti, d’y avoir cru. 40 ans, pas marié, pas d’enfants. L’âge de méditer tous les matins. L’âge aussi d’avoir vu fondre les pôles et la Terre se dérégler. 40 ans. Ni jeune, ni vieux, mais peut être l’âge de tout recommencer, de plonger dans l’action, d’assumer, d’y croire encore. De faire autre chose que mesurer, évaluer, coder, éveiller, compartimenter, raconter l’inaltérable, le courant, l’élégance. L’âge de pardonner, de créer, et surtout de se réinventer. Prendre sa part, espérer, croire en la solidarité, au partage, aux micro-actions plus qu’aux grandes histoires.