La désinformation tue…

Maheanuu Allain
5 min readSep 15, 2021

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Pendant une guerre, la désinformation peut tuer plus efficacement qu’un porte-avions. Nous sommes en 1943, les Japonais vont avoir une idée diabolique pour désorganiser l’armée américaine. Diffuser des hoax dans le domaine de la santé !

Tout cela n’aurait pas été possible sans la 1ère Guerre Mondiale. La quinine, traitement de choix contre le paludisme est principalement produite dans les colonies des pays de l’entente (ennemis de l’Allemagne). Après la guerre, contourner ce problème logistique présente un grand intérêt commercial et stratégique. Les chimistes allemands de chez Bayer développent vers 1930 un dérivé : la quinacrine (Atabrine). Et se mettent à en vendre dans le monde entier. Aux USA, Atabrine est produite sur place mais les composés intermédiaires sont fabriqués en Allemagne.

Alors pendant la 2nde Guerre Mondiale, l’approvisionnement d’Atabrine est mise à mal et les américains doivent se rabattre sur la production de quinine en provenance des îles du Pacifique. La logistique pour les traitements du paludisme est donc déjà affaibli sur un front. Or, quand les Japonais envahissent les îles du Pacifique en 1942, ils coupent définitivement l’accès à la quinine mettant les soldats américains sous la menace du paludisme.

Pour vous donner un exemple, entre le 9 juillet et le 10 Septembre 1943, durant la campagne de Sicile, il y aura plus de 21k hospitalisations pour paludisme contre 17k morts sur le front. Le paludisme est un cauchemar pour les services de santé des Armées. Vous pouvez imaginer sur le front japonais, où l’Armée américaine doit combattre dans l’une des zones où le paludisme fait le plus de ravages : l’Asie-Pacifique. Le Général Mc Arthur dira par exemple :

“Cela va être une guerre de longue haleine si pour une division au front, je dois compter une seconde division hospitalisée pour paludisme et une troisième en convalescence, essayant de se remettre des effets incapacitants de la maladie.”

Les scientifiques américains seront donc très encouragés à trouver par des alternatives à la quinine et à l’Atabrine importée d’Allemagne. Et ils réussiront synthétisant par leur propre moyen l’Atabrine. L’armée japonaise qui souffre face aux porte avions américains était arrivée au même constat que le général Mc Arthur. Le paludisme peut être un allié précieux dans cette guerre.

Le commandement japonais décide d’entreprendre une tâche qui semble impossible : inciter les soldats américains à ne plus prendre leur traitement contre la paludisme afin de désorganiser l’armée américaine et changer le cours de la guerre. Pour réaliser cet exploit, l’armée japonaise s’appuie sur une équipe de désinformatrices qui auraient parfaitement trouvées leurs places chez CNEWS : la Rose de Tokyo.

Ils s’agissaient de femmes japonaises anglophones, à la voix chaudes et suaves, dont le but était de saper le moral des soldats américains en diffusant des messages de propagande à la radio.

La Rose de Tokyo propage entre 2 morceaux de musique des messages du type: — Rentrez chez vous mes frères américains. — Vos supérieurs vous envoient à la mort — Votre femme se tape le voisin pendant que vous vous battez contre des japonais… Mais là, le défi est plus grand. Comment inciter des jeunes soldats américains à ne pas prendre leur traitement contre une maladie mortelle, le paludisme ? Tout ça en utilisant une équipe de femmes à la radio ?

Par un moyen efficace pour tuer les gens : la désinformation en santé. La Rose de Tokyo va appuyer et grossir un effet indésirable réel. Et elle va inventer un effet indésirable plutôt dissuasif pour des jeunes soldats. Comme raconté par ces militaires US, les soldats entendaient la Rose de Tokyo leur dire que l’Atabrine leur donnerait la peau jaune vrai effet indésirable) et les rendrait stérile et/ou impuissant (ce qui est un mensonge).

Toute ressemblance avec la désinformation sur la vaccination n’est pas fortuite ! Différente époque ? Même procédé.

“Le vaccin contre le Covid facilite les infections, empêche de donner son sang, rend stérile et tue”, selon un “docteur d’Oxford”

Et le résultat fut efficace. Les soldats américains se sont alors mis à jeter leur traitement d’Atabrine, s’exposant ainsi au paludisme. Cette désinformation en santé fut si efficace qu’elle désorganisa l’armée américaine. Pour contrecarrer cette désinformation, le commandement américain prend plusieurs mesures. Parmi celles-ci, on retrouve des mesures disciplinaires pour obliger les militaires à prendre leur traitement

Les services de l’armée se sont organisés pour s’assurer que chaque soldat prend son traitement. Pendant ce temps, les soignants ne pouvaient pas s’occuper des autres patients.

Et pour contrebalancer la désinformation en santé de la Rose de Tokyo, l’armée américaine a diffusé des campagnes d’information qui se voulaient persuasive (parfois raciste envers les japonais, à remettre dans le contexte de l’époque).

Quand les soignants sur Twitter vous répète: “la désinformation en santé tue”, ce n’est pas qu’un slogan.
La désinformation en santé est même une stratégie militaire utilisée par le Japon pour envoyer les ennemis à l’hôpital, voire à la morgue sans avoir à tirer un coup de feu.

Pour l’anecdote, après la prise de Tunis, les américains récupère la sontochine utilisée par l’Africa Corps. Les américains, à la recherche d’alternatives à l’Atabrine, envoient ce produit au pays, financent des essais cliniques et démontrent en 1947 l’intérêt de ce traitement.

Ce traitement est alors rebaptisé et est appelé : la Chloroquine. 70 ans après, la chloroquine et son dérivé, l’hydroxychloroquine, ne sont plus utilisés pour traiter le paludisme.

Mais au cours d’une pandémie, en 2020, ces molécules deviennent l’élément central d’une désinformation mondiale qui aura causé la mort de milliers de patients à travers le monde. Ne vous fiez pas à la voix chaude et suave à la radio, la désinformation en santé tue.

Pour aller plus loin : ces témoignages de vétérans sur la Rose de Tokyo : https://scholarworks.umt.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=5065&context=etd

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Maheanuu Allain

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