Amore

C’était hier. Après une longue journée de boulot, je suis allé courir dans le quartier. Pratique salvatrice. L’odeur fraiche de la pluie qui s’évapore rend caduque toutes les inquiétudes. Un pas après l’autre, l’esprit n’a rien d’autre à faire que d’épouser le mouvement.

Au détour d’une servitude, comme éclairé par un projecteur divin, j’aperçois un couple d’adolescents. Quinze ans à peine. Ils sont debout, happés par leur désir, mais surtout par la joie silencieuse de se retrouver après une semaine de vacances. Leurs corps enlacés se fondent l’un à l’autre. Ils n’ont que faire des moustiques, de la covid, ou de la pluie qui s’annonce. Ils sont là. Ivres de leurs bouches. Ivres de leurs yeux qui n’en reviennent pas.

Ce n’est pas de l’insouciance. Ce n’est pas de la pleine conscience. C’est autre chose encore. Une ode à l’existence, à ce qu’elle a de beau. Une heure ou une vie, qu’importe, face à face, ils sont heureux de l’instant. Si la nuit était sans lendemain, si partager ses spaghetti était une obligation, si la seule chose à faire était de sourire, s’il restait une dernière page à lire, si le truck partait, si le silence s’enfilait comme une paire de gants, s’il devenait urgent de se perdre et même si tout cela ne restait pour longtemps qu’une vague possibilité, sans doute voudraient-ils être là, dans les bras l’un de l’autre.

Dans cette étrange servitude. Entourés par ces murs et ces arbres qui nous précèdent et qui nous survivront. Jamais une course ne m’a tant rappelé où vont nos pas. Je vous souhaite des échappées grandioses.
.
.
.
#Hello #Matin #Morning #Amour #Love #amore